Lettre de change relevé – LCR

Dans les relations commerciales entre entreprises, la maîtrise des instruments de paiement est essentielle pour sécuriser les encaissements, préserver la trésorerie et gérer les délais de règlement. Parmi ces outils, la lettre de change relevé (LCR) occupe une place importante dans le paysage français. Moins connue que le chèque ou le virement, elle offre pourtant des avantages non négligeables. Voici tout ce qu’il faut savoir sur son fonctionnement, ses atouts, ses limites, et ses cas d’usage.

La LCR, qui vient de l’abréviation de lettre de change relevé, représente une forme normalisée et dématérialisée de la lettre de change classique.

Elle est surtout utilisée dans le commerce international comme un moyen de règlement entre les fournisseurs et les acheteurs pour payer des créances à une échéance déterminée. Grâce à ce dispositif, le client n’est pas obligé de régler immédiatement, mais à une autre date fixée par le vendeur.

Définition de Lettre de change relevé - LCR

Qu’est-ce qu’une LCR ?

La lettre de change relevé (LCR) est une version dématérialisée de la lettre de change, aussi appelée « traite ». C’est un moyen de paiement interentreprises par lequel un créancier (le « tireur ») donne l’ordre à son client(le « tiré ») de régler une somme déterminée à une date d’échéance précise. La particularité de la LCR est qu’elle circule sous forme électronique via les réseaux bancaires, sans support papier.

Ce mécanisme a été normalisé par le CFONB (Comité Français d’Organisation et de Normalisation Bancaire) et s’inscrit dans les systèmes d’échange de flux bancaires automatisés en France.

Comment fonctionne la lettre de change relevé – LCR

Elle est utilisée comme un titre liant un client (le tiré) à son fournisseur créancier (le tireur). La LCR oblige l’acheteur à régler le montant dû au tireur à une date d’échéance précise. La LCR est souvent utilisée, car elle permet aux clients de recevoir des marchandises sans les payer immédiatement, ce qui simplifie la gestion de leur trésorerie. Du côté des fournisseurs, ils sont assurés d’être payés à la date d’échéance. Ils ont également la possibilité de récupérer le montant dû plus tôt auprès d’une banque moyennant une commission.

Contrairement à un chèque bancaire, la LCR n’exige pas que les fonds soient disponibles au moment de son émission, mais seulement à la date d’échéance indiquée. Ainsi, les commerçants ne sont pas obligés de débourser les sommes concernées immédiatement, mais peuvent les régler à leur fournisseur après avoir vendu la marchandise, sans puiser dans leur trésorerie ou s’endetter.

A qui est destinée la lettre de change relevé ?

La lettre de change relevé (LCR) est destinée aux échanges commerciaux entre professionnels ou entreprises.

  • Le client reçoit la LCR, généralement avec la facture, et doit la signer et la renvoyer au tireur avant la date d’échéance.
  • Avec la dématérialisation de la LCR, les informations de paiement sont transmises par télétransmission à l’établissement bancaire du tireur, qui se charge de l’encaissement auprès de la banque du client.
  • La remise de l’effet de commerce doit être effectuée quelques jours avant la date d’échéance afin de permettre le règlement à la date indiquée.
  • La LCR magnétique évite la manipulation et la circulation de supports papier tout en conservant les mêmes caractéristiques juridiques qu’une LCR papier, avec des garanties similaires.
  • La lettre de change relevé peut comporter des intérêts en fonction du délai de paiement accordé.

Si une lettre de change est émise par un établissement financier, on parle de traite bancaire, où la banque émettrice garantit le paiement de la transaction. Si elle est émise par des particuliers, on parle de traites commerciales. Une traite à vue désigne une lettre de change où les fonds doivent être payés immédiatement ou à la demande. Une traite à terme spécifie une date ultérieure de paiement.

Les avantages de la LCR

Les lettres de change facilitent le commerce international en aidant les acheteurs et les vendeurs à gérer les risques liés aux fluctuations des taux de change et aux différences juridictionnelles.
Les avantages de la LCR incluent :

  • La réduction des frais financiers et administratifs en évitant la manipulation des effets, L’amélioration du recouvrement grâce au gain de temps,
  • Une meilleure gestion de la trésorerie de l’entreprise,
  • Une réduction des tentatives d’opération frauduleuse grâce à l’accord formel du client,
  • La possibilité pour le fournisseur de demander une avance à son établissement bancaire avant la date d’échéance, moyennant des frais.

NB: En cas de défaut de paiement à la date d’échéance, la LCR est retournée au tireur pour entamer des poursuites contre le client défaillant, d’où l’importance de bien se renseigner sur les acheteurs.

Assurance-crédit et lettre de change relevé : une double sécurité pour le poste clients

Ces deux outils distincts, mais complémentaires, permettent de renforcer la maîtrise du poste clients : l’assurance-crédit et la lettre de change relevé (LCR).

La lettre de change relevé, d’abord, est un instrument de paiement bien ancré dans les pratiques B2B françaises. Elle matérialise une reconnaissance de dette, sous une forme dématérialisée, entre un fournisseur et un client. À la date convenue, la LCR est présentée automatiquement à la banque du débiteur, qui effectue le paiement. Si elle encadre juridiquement l’échéance, la LCR ne garantit pas pour autant que les fonds seront disponibles sur le compte du client au moment voulu. Un rejet est toujours possible, notamment en cas d’insuffisance de provision.

C’est précisément là que l’assurance-crédit intervient. Elle agit comme un filet de sécurité : en cas de défaillance de paiement, l’assureur rembourse tout ou partie de la créance garantie, selon les conditions prévues au contrat. Elle permet donc de couvrir le risque d’insolvabilité client, qu’il soit temporaire ou définitif, volontaire ou lié à une procédure collective. L’entreprise ne subit plus seule l’aléa du non-encaissement.

Utilisées ensemble, la LCR et l’assurance-crédit offrent une double protection. La LCR structure l’échéance et facilite la gestion du poste clients. L’assurance-crédit, elle, sécurise le règlement en cas de défaut. Certaines compagnies d’assurance exigent d’ailleurs l’usage d’outils comme la LCR pour formaliser les engagements de paiement, car cela facilite la traçabilité en cas de sinistre.

Cette complémentarité devient particulièrement stratégique dans les périodes de tension économique ou dans les secteurs où les marges sont serrées. En fiabilisant les flux et en réduisant l’exposition au risque client, le duo LCR + assurance-crédit contribue à une gestion plus sereine et plus robuste de la trésorerie.

Différence entre une lettre de change et un billet à ordre

La distinction entre un billet à ordre et une lettre de change réside dans le fait qu’elle est transférable et peut contraindre une partie à payer un tiers qui n’a pas été impliqué dans sa création, tandis que les billets de banque sont des exemples courants de billets à ordre.. Une lettre de change est émise par le créancier et ordonne au débiteur de payer un montant donné dans un délai imparti, tandis qu’un billet à ordre est émis par le débiteur et constitue une promesse de paiement d’une certaine somme d’argent dans un délai précis.

Différence entre une lettre de change et une traite (lettre de change papier)

La différence entre une lettre de change et une traite réside dans leur format, papier ou numérique. Les deux doivent respecter les mentions légales et obligatoires prévues par la convention de Genève et le droit cambiaire. En France, la LCR est soumise à une réglementation stricte et fait l’objet d’un fichier standardisé supervisé par le Comité français d’organisation et de normalisation bancaires (CFONB).

Les inconvénients à connaître

Comme tout outil, la LCR n’est pas exempte de limites :

  • Un délai d’encaissement dépendant du respect de l’échéance par le client : en cas de provision insuffisante, le paiement peut être rejeté.
  • Un rejet bancaire coûteux : comme pour un chèque sans provision, un rejet de LCR peut entraîner des frais et des tensions dans la relation commerciale.
  • Moins adapté aux très petites structures : qui n’ont pas toujours les outils pour gérer ces échanges informatisés.

La LCR et l’escompte : un levier de trésorerie

L’un des grands avantages de la LCR, c’est qu’elle peut être escomptée. Cela signifie que l’entreprise peut la remettre à sa banque avant l’échéance, en échange d’une avance de trésorerie. La banque prélève alors une commission d’escompte, mais le fournisseur peut encaisser sa créance sans attendre le règlement effectif du client.

Cette solution est particulièrement utile dans les secteurs à délais longs ou en période de tension de trésorerie.

Que se passe-t-il en cas de non-paiement ?

Si le compte du client n’est pas suffisamment approvisionné à l’échéance, la LCR est rejetée. Le fournisseur est alors averti par sa banque et doit engager une procédure de recouvrement. Il peut recourir à une relance amiable, mais aussi à un protêt ou à une action en justice, car la LCR constitue une reconnaissance de dette formelle.

Les conséquences pour le débiteur peuvent être importantes : inscription au fichier de la Banque de France, dégradation de la relation fournisseur, pénalités…

Les bonnes pratiques et cas d’usage

La LCR est particulièrement adaptée :

  • aux relations commerciales B2B, surtout lorsqu’elles sont régulières ;
  • aux fournisseurs de biens ou services dont les montants sont significatifs ;
  • aux entreprises souhaitant garder un œil précis sur leur cycle de trésorerie.

Pour bien utiliser la LCR, il est recommandé de :

  • s’assurer de la solvabilité du client avant émission,
  • convenir d’un calendrier d’échéances clair,
  • vérifier régulièrement les encaissements.

Les alternatives à la LCR

Selon les situations, d’autres moyens de paiement peuvent être envisagés :

  • Le billet à ordre relevé (BOR), très similaire dans son fonctionnement mais émis par le débiteur,
  • Le prélèvement SEPA B2B, plus direct mais demandant un mandat préalable,
  • Le virement classique, immédiat mais sans garantie,
  • L’affacturage, qui permet aussi la cession de créances avec ou sans recours.

Conclusion : la LCR est un outil à redécouvrir

La lettre de change relevé est un outil efficace, sécurisé et moderne, bien ancré dans les usages B2B français. Si elle peut sembler technique à première vue, son fonctionnement automatisé permet de structurer les paiements, renforcer la confiance entre partenaires commerciaux et améliorer la gestion de trésorerie.

Pour les entreprises qui émettent régulièrement des factures à échéance, la LCR reste une solution à considérer sérieusement, d’autant plus qu’elle peut être intégrée dans un outil d’escompte ou de financement court terme.

FAQ – Lettre de change relevé (LCR)

1. Qu’est-ce qu’une lettre de change relevé (LCR) ?
La lettre de change relevé (LCR) est un moyen de paiement interentreprises dématérialisé. Il s’agit d’une version électronique de la lettre de change, permettant à un fournisseur d’encaisser automatiquement une facture à une date convenue. Elle est transmise par voie bancaire et normalisée par le CFONB.
2. À quoi elle sert ?
La LCR sert à formaliser et automatiser le paiement différé d’une facture. Elle permet d’éviter les retards, de sécuriser l’encaissement et d’améliorer la visibilité sur les flux de trésorerie.
3. Quelle est la différence entre une lettre de change et une LCR ?
La lettre de change est le terme général, qui peut désigner un document papier ou électronique. La LCR est une forme spécifique, dématérialisée et transmise via les banques, contrairement à la lettre de change papier qui circule physiquement.
4. Comment fonctionne la LCR ?
Le fournisseur émet une LCR pour une facture. Celle-ci est transmise à la banque, puis présentée automatiquement au débiteur à l’échéance. Le montant est alors prélevé sur le compte du client et crédité au fournisseur, sauf refus ou rejet.
5. Une LCR peut-elle être rejetée ?
Oui, une LCR peut être rejetée si le compte du débiteur n’est pas suffisamment approvisionné ou si un incident bancaire survient. Dans ce cas, une procédure de relance ou de recouvrement peut être engagée.
6. Peut-on escompter une LCR ?
Oui. La LCR peut être escomptée auprès d’une banque. Cela signifie que le fournisseur reçoit les fonds avant l’échéance en échange d’une commission. C’est un levier utile pour améliorer la trésorerie sans attendre le paiement du client.
7. Quels sont ses avantages ?
Parmi ses atouts : sécurité de paiement, automatisation, possibilité d’escompte, visibilité sur les flux financiers, réduction des coûts liés à la gestion papier et encaissement à date fixe.
8. Qui peut l’utiliser ?
La LCR est utilisée exclusivement entre entreprises (transactions B2B). Elle est particulièrement courante dans les secteurs industriels, le négoce, les prestations de services ou la distribution.
9. Quelle est la différence entre LCR et BOR ?
Le BOR (billet à ordre relevé) est un autre moyen de paiement dématérialisé. Contrairement à la LCR, le BOR est émis par le client (débiteur) et non par le fournisseur. Le principe de paiement à échéance reste le même.
10. Est-elle obligatoire ?
Non, la LCR est un moyen de paiement facultatif, utilisé lorsqu’un accord existe entre le fournisseur et son client. Elle peut remplacer un virement, un chèque ou un prélèvement selon les préférences contractuelles.


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